Comment j’ai refusé mon premier contrat d’édition!

22 Déc 2018 | Zarchives

La vie est courte et elle vaut la peine d’être vécue à bien des égards !
Lorsque l’on a une passion, il n’est pas toujours simple de l’assouvir pleinement sans penser que le temps nous est compté, si l’on a le projet d’accomplir de nombreuses choses qui nous tiennent à cœur.

Lorsque je suis tombé amoureux de l’écriture, j’étais tout petit mais je n’avais pas encore conscience de cet amour immodéré pour la plume et le récit.
Il m’a fallu passer par de nombreuses étapes pendant plusieurs années avant de comprendre ce qui faisait de moi ce que je suis vraiment.
Après avoir détesté les livres, détesté la lecture, j’ai finalement, au travers de la musique d’abord, compris que je ne voulais pas jouer le dernier tube des ados au coin du feu mais plutôt composer moi-même une musique … et un texte.
Après avoir concrétisé mes rêves d’auteur compositeur interprète, j’ai finalement compris que ce qui me bottait dans tout ça était vraiment l’écriture et là j’ai pris conscience qu’il fallait que j’arrête de tourner autour du pot.
Des années à écrire de courts textes de chanson, un conte musical, des articles par ci par là, des personnages dans mes chansons. Tout était là et me tendait les bras, mais je ne l’avais pas vu jusqu’ici !
Le roman ! Voila l’aventure que je devais tenter depuis toujours.
Et même si  j’avais déjà écrit un petit roman et plusieurs bandes dessinées entre 8 et 11 ans, il aura fallu attendre mes 37 ans, pour me lancer.

Depuis plus de 20 ans, une histoire me titillait au fond de moi, une grande épopée de science fiction que j’avais imaginée dans mon esprit et notée dans de petits cahiers à droite, à gauche.
Voila l’histoire qu’il me fallait pour démarrer !
Et c’est là que les problèmes ont débuté !
Car étant totalement novice dans l’écriture d’un manuscrit, je ne savais pas par où commencer.
Et puis je me suis organisé mais un problème demeurait et pas des moindres, le temps !
Occupant un emploi à temps partiel, et ayant une vie de famille, les séances d’écriture étaient éloignées et peu nombreuses et très vite j’ai compris, qu’il me faudrait plusieurs années pour écrire ce premier roman.
Après 2 années, j’avais écrit 2 chapitres.

Et puis, un événement inattendu s’est produit. J’ai perdu mon emploi.
Et c’est là que tout a démarré !
En seulement 1 mois, j’avais fini 5 chapitres supplémentaires. Je passais plus de 6 heures par jour à écrire, vivre avec mes personnages, mettre en pause chaque soir mon récit et relancer mon histoire qui devenait alors ma seconde vie parallèle à ma vraie vie physique.
Je n’oublierais jamais ces premières sensations, ce sentiment de plénitude et d’accomplissement total. J’étais en phase avec moi-même, je ne vivais plus que pour mon livre. Et à l’aube de mes 40 ans, le miracle s’est accompli. J’ai terminé mon livre.
S’est alors posée la question que je n’avais pas envisagée jusqu’ici, et maintenant ? Je fais quoi ?
Ma première envie était de me jeter dans l’écriture d’un second roman, tant le manque commençait à se faire sentir, après seulement quelques jours.
Mais il fallait aussi songer à partager ce bonheur…avec des lecteurs.

« Après 2 années, j’avais écrit 2 chapitres. »

Alors j’ai entrepris la seconde grande aventure : Les maisons d’édition !
Après avoir constaté que les plus grandes maisons voulaient mon manuscrit au format papier envoyé par courrier postal et que je n’avais pas vraiment les moyens de répondre à ces exigences, j’ai bifurqué très vite vers celles qui acceptaient l’envoi mail.
Et après 1 mois de dur labeur, mon incroyable manuscrit était parti vers ces représentants de mes rêves les plus fous, être édité !
Mais, très vite, quelques premières réponses négatives me parvinrent. Hélas, la soumission des manuscrits est close. La ligne éditoriale ne correspond pas « malgré les grandes qualités que recèle votre manuscrit »… et j’en passe.
Ma naïveté fut mise à rude épreuve pour comprendre que non, mon manuscrit n’était pas l’histoire la plus incroyable de l’année 2017, et non les maisons d’édition ne recevaient pas que ma candidature, mais qu’ils étaient noyés au beau milieu de milliers d’autres propositions d’auteurs tout autant motivés que moi.

Après avoir remis les pieds sur terre, j’ai découvert l’autoédition !
Et là, oh bonheur, oh joie ! La publication à la demande m’ouvrait ses portes !
Après avoir mis en ligne mon livre sur Amazon, ne le vois-je pas avec sa si belle couverture apparaître au beau milieu des auteurs édités et super connus ! Ouaouh quel pied !
Et puis recevoir son livre au format broché dans sa boîte aux lettres, c’est vraiment quelque chose la première fois !
Comme si d’un seul coup, on était vraiment devenu écrivain ! Ce grand rêve devenait réalité.
Oui mais voila, après toutes ces émotions, je me suis enfin lancé dans ma seconde histoire, et j’ai commencé à rédiger les premiers chapitres de mon polar.
Pendant ce temps, je recevrai bien à un moment ou à un autre une réponse d’une maison d’édition ou je pourrai sûrement toucher mes royalties issues des ventes de mon livre sur le géant américain, Amazon.
Résultat : 3 e-books vendus !
Tant pis ! Je verrai bien l’année prochaine.

« recevoir son livre au format broché dans sa boîte aux lettres, c’est vraiment quelque chose la première fois ! »

Et puis arrive ce moment que je connais bien maintenant, la fin de l’écriture de mon second roman.
Rebelote, maisons d’édition, auto édition et Amazon…
Mais le temps passe vite, et après 2 romans, 2 années se sont écoulées.
Quel bilan ?
Celui d’un bonheur incommensurable, d’écrire, de faire ma passion mais après 2 ans, mon chômage allait lui arriver à son terme et malgré les bonnes intentions de mon très cher conseiller de Pôle Emploi, rien ne semblait se présenter à moi comme emploi « raisonnable » autour de l’écriture !
Évidemment car cela n’existe pas !
Que s’était-il donc passé pendant ces 2 années à écrire et à ne penser qu’à ça ? À découvrir que tout venait si facilement lorsque j’écrivais, que mes histoires semblaient réellement plaire aux quelques personnes autour de moi qui m’avaient lu !
Le temps ! Et c’est là le point le plus important !

J’ai donc pris 2 mois de plus après mon second roman pour me pencher sur ce que je n’avais pas fait jusque là, de la promotion, de l’autopromotion. Les réseaux sociaux, les chroniques, les groupes, l’entraide, les conseils, les rencontres…
Et très vite mon second et mon premier roman ont commencé à trouver un lectorat en ligne et dans la vraie vie.
En quelques semaines, plusieurs dizaines de livres vendus, une trentaine d’e-books vendus, et 12000 pages lues sur Liseuse Kindle.
Les résultats étaient là mais je sentais bien que ce n’était qu’un début.
En regardant derrière moi, il fallait que je me rende à l’évidence, écrire et construire son lectorat pour partager sa passion, c’était une activité qui prenait plus de 8h par jour donc non compatible avec un autre emploi.

Et puis, alors que je n’y pensais même plus, une maison d’édition m’a contacté !
Ils avaient aimé mon second roman. Mon manuscrit avait été retenu !
C’en était fini du questionnement. Comment allais-je faire ? La réponse était là !
À moi la belle vie, à passer mon temps à écrire pendant que ma maison d’édition s’occuperait de mes ventes et de ma promo ! Youpi !
Les contrats me sont parvenus et là, j’ai découvert une nouvelle chose que je ne connaissais pas !
La manipulation !

« écrire et construire son lectorat pour partager sa passion, c’était une activité qui prenait plus de 8h par jour donc non compatible avec un autre emploi. »

Quand on est écrivain auto édité, surtout au début, la maison d’édition est un peu comme une sorte de Graal, quelque chose qui va nous libérer, nous faire émerger et nous donner toute la liberté d’être un écrivain reconnu !
Alors on peut être faible et s’exciter comme une puce à la première proposition ce qui a été mon cas.
Mais, car il y a un mais, j’ai très vite déchanté !
Les contrats m’expliquent qu’il faut que j’achète un stock de livre avant qu’ils acceptent de m’éditer.
Une coquette somme de 600€ à sortir de ma poche.
Par la suite, si je compte acheter des exemplaires de mon propre livre, il me faudra les payer avec 25% de remise contre 75% de remise en autoédition chez Amazon.
Enfin, l’argent qui me sera reversé pour la vente de mes livres sera de 10% soit 2 € par livre contre 7€ chez Amazon.
Alors je me dis qu’avec tout le travail d’édition, de promotion, de contacts presse, etc…, tout cela a un coût et c’est bien normal que je n’ai pas les mêmes avantages qu’en autoédition où je dois tout faire tout seul. Tout cela sert bien sûr à payer tous ces gens qui vont s’occuper de moi !
Mais, après avoir interrogé bon nombre d’auteurs avertis sur les réseaux, je découvre à mes dépends, que la dite maison d’édition ne s’occupe pas du tout de ses écrivains. Les promesses écrites sur le contrat ne sont pas tenues. Cette maison d’édition à compte d’éditeur n’est rien d’autre qu’une maison d’édition à compte d’auteur déguisée !
Et signer chez elle, reviendrait à céder mes droits, pour ne plus vendre aucun livre et ne plus gagner aucun argent de mon travail.

Oui mais voila, le temps ! Ce temps pour écrire qui est si indispensable et non conciliable avec un autre emploi, en tout cas, dans mon cas. Comment vais-je faire ?
J’ai beaucoup hésité. Est-ce que les avertissements des mes homologues étaient fondés ? N’allais-je pas passer à coté de l’occasion de ma vie ?
NON ! MILLE FOIS NON !
Ecrire est une chose, mais si l’on veut continuer à le faire dans de bonnes conditions, il faut avoir tout le temps nécessaire, ce fameux temps !
Et pour avoir le temps, il faut ne faire que ça !
Alors pour honorer les dépenses modernes primaires de notre société, à savoir, l’alimentation, le loyer, et l’énergie, en restant dans le spartiate, comment faire ?
Cette maison d’édition m’offrait sur un plateau le retour à un emploi alimentaire, l’oubli de mes romans, la fin de mon écriture, alors qu’elle devait très exactement incarner l’exact contraire
J’ai donc refusé mon premier contrat d’éditeur, sans pour autant tirer un trait sur les autres maisons.
Une maison d’édition prend tous les risques pour vous, vous propose des exemplaires gratuitement pour les salons, et vend vos livres réellement dans toute la France et dans toutes les librairies.
Et là vous aurez vraiment le temps !

C’est décidé, en attendant de trouver le bon contrat qui me conviendra, je veux continuer à écrire, et donc pour avoir le temps de le faire, IL FAUT QUE JE VIVE DE MES ROMANS !
Voila la solution !
Je serai écrivain et éditeur de moi-même. Romancier et vendeur.  Je vais faire des salons, écrire mon troisième roman, répondre à des appels à texte, rencontrer en vrai mes lecteurs, animer mes réseaux sociaux et rencontrer d’autres écrivains, les lire, me faire lire.

Je suis auto édité et fier de l’être !

VIVE L’AUTO ÉDITION !

Frédéric Rocchia

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