On a tous, au cours de notre vie, éprouvé l’envie, au moins une fois de se donner une quête, une mission, quelque chose qui nous tenait à cœur, et que l’on avait envie de mener jusqu’au bout. En ce qui me concerne, cette mission que je me suis donnée, ce défi presque impossible que je me suis lancé et que je ne parviendrai sans doute jamais à réussir, c’est la recherche d’un livre !

Mais pas n’importe quel livre !
Dans mon souvenir, il était gris avec une grande bande horizontale au milieu de la couverture. On pouvait y voir deux enfants, un garçon et une fille dont les visages se faisaient face.
Je me souviens encore de ses coins cornés et de la couverture en plastique transparent que ma mère avait pris la peine de scotcher pour ne pas l’abimer plus qu’il ne l’était déjà.
Ce livre, c’était un livre de lecture. Le livre de lecture de ma première année de primaire.
Et si je le recherche encore aujourd’hui, c’est parce que c’est lui qui m’a fait comprendre que moi aussi un jour j’écrirai des livres !

C’était une matinée grise, pluvieuse même. Le ciel menaçant grondait au dehors. Nous n’avions pas trainé dans la cour ce jour là. Si je me souviens aussi bien de ce moment, c’est parce que l’institutrice avait éclairé la pièce et le contraste entre notre salle de classe lumineuse et l’extérieur si sombre m’avait fait éprouver un sentiment de plénitude, si sécurisant.

On n’oublie pas ce genre de moment. Il vous marque toute votre vie.

Après avoir ouvert notre livre de lecture, l’institutrice avait indiqué que nous lirions à voix haute. Elle feuilleta son bouquin, assise derrière son bureau, nous montra le dessin qui illustrait le début de l’histoire afin que nous tournions les pages jusqu’à ce repère.
Puis, après avoir brièvement inspecté les premiers rangs, elle a croisé mon regard et m’a proposé de commencer la lecture.

 

Je me souviens encore de cette histoire, somme toute simple, mais l’impact qu’elle a eu sur moi a influencé le reste de ma vie. J’avais alors 6 ans et demi.

Moi mais en plus petit !

Le récit racontait une scène où un petit garçon et une petite fille se réchauffaient ; assis sur un tapis, près de la cheminée, alors qu’au dehors une tempête de neige faisait rage. Sans doute, la similitude avec la météo du moment a joué un rôle, mais à chaque mot que je lisais, à chaque phrase, chaque virgule et chaque point, j’avais l’impression d’être moi aussi au coin du feu avec ces enfants.

Le simple fait de lire cette histoire me donna cette sensation de bien-être comme si tout était possible et que je ne faisais qu’un avec ma lecture. Leur monde et le mien étaient liés par mes mots.

Une fois la lecture terminée, l’institutrice nous posa des questions sur le récit, mais déjà, je m’évadais dans mon imaginaire. Quelque chose venait de se produire.

Cela peut paraître surprenant, après tant d’années de se souvenir aussi bien d’autant de détails sur mes sensations alors, mais c’est que ce moment fut crucial, fédérateur et déterminant pour la suite.

En lisant cette petite fable toute simple. En ayant plongé dans une aventure courte et agréable, j’avais une envie dévorante ! Mais il ne s’agissait pas de lecture. Je n’avais pas envie de lire d’autres histoires comme ça. Non, je le savais maintenant ! Je voulais, moi-même créer d’autres univers dans lesquels je pourrais me projeter. Façonner des décors, dans lesquels je ferai vivre des personnages. Raconter des histoires à mon tour.

Je venais de découvrir, sans vraiment le savoir, que je voulais écrire ! Écrire des livres !

Prochain épisode : Mes premiers écrits…